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L’été de mes 17 ans

Pour Noël, on m’a offert l’ouvrage collectif L’été de mes 17 ans, paru aux éditions Bayard Graphic, que j’ai dévoré. J’ai adoré replonger dans cette nostalgie d’un âge important. Et m’est venue aussi l’envie d’écrire sur l’été de mes 17 ans. Je vous partage donc ces paragraphes de ma vie d’adolescente.


Cet été là, je venais de passer le bac. Les vacances ont commencé lorsque j’ai eu les résultats de cet examen qui me semblait décisif. Avec mes ami·es, nous nous étions donné·es rendez-vous au lycée pour lire les résultats en direct. Lorsque je suis arrivée, ils étaient déjà affichés et un ami m’a gâché la tension que l’on peut ressentir lorsqu’on cherche son nom sur ces listes sans fin. Je l’ai obtenu, de peu. Je me souviens avoir ressenti un soulagement : chouette, je n’irais pas aux rattrapages ! Certain·es de mes ami·es l’avaient aussi obtenu, d’autres non. 

Pour les vainqueurs de cette bataille, la première chose que nous avons fait pour célébrer cette étape, c’est de déambuler dans les rues du centre-ville pour passer d’enseigne en enseigne, afin d’essayer de récolter le plus de cadeaux possibles. Nous avions juste gagné des lunettes de soleil, offertes par une banque pour les nouvelleaux bachelier·es. L’été de tous les possibles, et de tous les aurevoirs pouvait commencer. 

Le 4 juillet 2014, sur mon skyblog de l’époque, j’écrivais : 

Cette année-là, n’avait pas été facile, et je comptais bien faire en sorte que cet été soit inoubliable, et donc passer le plus de temps possible avec mes ami·es. Avec mon entrée en études supérieures et ma nouvelle indépendance, je voyais enfin la lumière au bout du tunnel. 

Toute l’année, tous les événements possibles avaient été prétextes à célébrer et s’amuser : les révisions pour le bac, la semaine des arts du lycée, le bal des terminales, la fête de la musique, notre première sortie en boîte ratée, la journée déguisée du lycée, les concerts avec le club de chant, les derniers jours de cours, et  une grande partie de mes ami·es avaient saisi l’occasion de fêter leurs 18 ans. Nous comptions donc fêter aussi notre obtention du diplôme. 

La première célébration du bac à laquelle j’ai pu participer se passait chez un de mes amis et camarade de classe. Il avait invité ses ami·es du lycée et ses ami·es extérieur·es à l’établissement. Ce soir-là, nous devions être une quinzaine d’ados chez lui. Ses parents n’étaient pas là. Il y avait de la musique et de l’alcool. Cette soirée restera à tout jamais dans ma mémoire, non pas parce que c’était la meilleure de ma vie, mais parce que c’était la soirée où j’ai embrassé pour la première fois quelqu’un. J’aimerais pouvoir raconter une belle histoire d’amour adolescente, mais c’est tout à fait le contraire. L’alcool est connu pour désinhiber les comportements et pensées. Alors, après quelques verres, avec un groupe de filles que je venais de rencontrer et deux ami·es, nous nous sommes laissé·es emporter par la soirée et nous avons commencé à nous embrasser les un·es les autres. Je ne saurais pas vous dire exactement quelle était la première personne du groupe que j’ai embrassé, je me souviens juste que c’était une fille. Embrasser une fille que je venais de rencontrer, c’était un comportement assez inattendu pour quelqu’un comme moi, qui avait passé une grande partie de son adolescence à imaginer et idéaliser les relations physiques et amoureuses sous un prisme ultra-romantique. Mais le fait que je venais juste de la rencontrer, et que j’avais probablement peu de chances de la revoir après cette soirée, a dû m’aider à passer le pas. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, je ne regrette pas ce moment. Parce que c’était beau, c’était euphorique, c’était frais et c’était rempli d’amitié.

Le 7 août 2014, sur mon skyblog de l’époque, j’écrivais : 

Je n’avais pas été acceptée dans mon premier vœux pour les études supérieures. Et j’avais fait un compromis avec ma maman, si je mettais ce vœux en première position, il fallait que je mette en seconde position l’établissement qu’elle préférait pour moi. Le jour où j’ai appris que je n’avais pas été prise dans le premier établissement, et que je devais aller faire mes études dans une ville qui ne me faisait pas rêver du tout,  j’ai pleuré. Alors la rentrée me faisait peur : je me demandais comment mes études supérieures pourraient se passer comme je l’espérais dans un endroit qui ne vendait pas de rêve. Aussi, ma sœur faisait sa rentrée en études supérieures en même temps que moi, et quittait donc elle aussi le cocon familial au même moment. Ma maman se retrouvait donc toute seule sans nous, d’un coup, et pour la première fois depuis très longtemps. Histoire d’enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, ma sœur partait vivre dans la ville qui me faisait rêver mais où je n’avais pas été admise. C’est impressionnant comment des choses qui étaient très importantes à l’époque peuvent nous paraître anodines aujourd’hui. Je n’ai jamais regretté une seule fois d’avoir étudié dans mon second vœu d’études supérieures, bien au contraire. Ces deux années d’études font partie, encore aujourd’hui, de deux des meilleures années de ma vie. Je me suis épanouie dans le milieu scolaire, comme je ne m’étais jamais épanouie auparavant. J’ai fait des rencontres incroyables, vécu des choses extraordinaires, et évolué comme je n’aurais jamais pu évoluer sans tout ça. 

Le 1er septembre 2014, sur mon skyblog de l’époque, j’écrivais : 

J’ai revu au moins une fois chacun·e de mes ami·es du lycée, sauf une. La plupart des promesses que l’on s’était faites, n’ont pas été tenues. Certain·es de mes copaines du lycée sont devenu·es mes meilleur·es ami·es, d’autres de grand·es inconnu·es. Mais j’éprouve toujours beaucoup de tendresse pour toutes ces personnes qui m’ont aidé à croire de nouveau en de belles amitiés, qui m’ont aidé chaque jour, sans le savoir, à gagner confiance en moi. Et je prends toujours énormément de plaisir à recroiser certaines de ces personnes, par hasard. L’été 2024 sera l’été de mes 27 ans, et signera donc les 10 ans de cet été radieux. Je ne me souviens plus ni du lieu, ni du jour, ni de l’heure du rendez-vous que l’on s’était fixé. Ce sera donc encore une promesse que je ne pourrai pas tenir, mais c’est avec joie que je me remémorerais tous ces moments de vie qui m’ont construite.


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